Ce plat de forme circulaire comporte un petit pied. Il est en cuivre intégralement recouvert d’émail, à l’exception de la lèvre et du dessous du pied, qui laissent apparaître la couleur du matériau. La base est recouverte d’émail blanc et porte la marque du règne de Qianlong en quatre caractères à l’émail bleu.
Le bassin et le marli présentent un paysage de pavillons dans les montagnes. Deux ponts et une galerie couverte sur pilotis relient les pavillons à la rive et aux autres édifices hors-champ, évoquant un véritable complexe palatial. Une attention particulière a été prêtée aux effets de perspective, avec la représentation de la rive au premier plan et la silhouette bleue des pics montagneux dans le lointain. La saison choisie est l’automne, à en juger par les érables rougis, Les arbres au feuillage jauni et ceux dont la silhouette est déjà nue. Les détails de l’architecture traditionnelle chinoise ont été dépeints avec précision, avec des toitures et des auvents aux extrémités relevées, soutenus par des charpentes en bois complexes. Le pourtour du plat est souligné par trois bandes décoratives de têtes de sceptres ruyi jaunes, de motifs géométriques rouges et de grecques bleues. Au revers, la lèvre est soulignée par des filets d’émail bleu, vert et rouge, ainsi qu’une frise de têtes de sceptres ruyi bleus.
Cette pièce est emblématique de l’art de l’émail peint en Chine, qui est à son apogée pendant le règne de Qianlong. Une couche d’émail blanc opaque est étendue directement sur la surface lisse des objets en cuivre, puis les émaux polychromes sont appliqués et la pièce est passée au feu. Les émaux peints sont appelés yangci (« porcelaine étrangère ») en langue chinoise, bien que cette production ait été destinée aussi bien à l’export qu’au marché intérieur, ainsi qu’à l’usage de la cour de Pékin.
De nombreux émaux peints montrent des paysages et des personnages occidentaux, mais la spécificité de cette pièce réside dans la nature complètement chinoise du paysage. La manière dont les couleurs sont appliquées en nappes très fines pour représenter l’eau et les nuages rappelle la peinture. Un vase à vin émaillé marqué Qianlong présente un décor de style similaire dans les collections du musée de la Cité Interdite.
Bibliographie :
Un vase à vin marqué Qianlong avec un décor similaire dans les collections du musée de la Cité Interdite. Voir : Compendium of Collections in the Palace Museum. Painted Enamels in the Qing Dynasty (1644-1911), Beijing: Anhui Fine Arts Publishing House, 2011, n°115.