Ce vase en émaux cloisonnés de forme balustre repose sur un pied circulaire évasé. Il est orné sur sa panse, son pied et son col évasé de masques de taotie et de volutes archaïsants. L’épaulement du vase est rehaussé de médaillons alternés avec des masques de taotie. Le bord supérieur est souligné d’une frise grecque incisée sur le métal doré. La base porte une marque Jingtai apocryphe contenue dans un carré.
L’époque de Jingtai (1450-1457) est considérée comme l’apogée de l’art du cloisonné en Chine. En effet, le lettré Sun Chengze (1592-1676), dans son ouvrage Tianfu Guangji (Sur la Cité Céleste), fait l’éloge des cloisonnés fait sous le règne de Jingtai dans les ateliers impériaux, Yuqian zuofang. Pour rendre hommage à cette période, Qianlong commanda à plusieurs reprises aux ateliers impériaux des imitations de cloisonnés Jingtai, portant une marque apocryphe.
Le masque de taotie est un symbole archaïque que l’on retrouve sur les jades Néolithiques et sur les bronzes rituels de la dynastie Shang (1700-1050 av. J.-C.). Il représente une figure de glouton légendaire qui avale les mauvais esprits. Ce cloisonné est emblématique de la sensibilité archaïsante du règne de Qianlong, collectionneur de bronzes antiques. La forme de vase balustre est caractéristique des pièces contemporaines en porcelaine et en cloisonné de l’époque Qianlong.
Référence :
Sur les marques apocryphes Jingtai : Béatrice Quette, Cloisonne – Chinese Enamels from the Ming and Qing Dynasties, Musée des Arts Décoratifs, Paris, Yale University Press, 2011, p. 155